A la veille d'un colloque international important sur le « nouveau capitalisme », 53% des Français interrogées par TNS-Sofres réclament un changement « en profondeur » du système économique… contre 31% de leurs voisins européens.
Les Français ne sont plus des révolutionnaires, mais ils aiment rêver à un monde meilleur. C'est ce qui ressort d'une enquête TNS-Sofres menée dans cinq pays (France, Royaume-Uni, Allemagne, Suède, Espagne) publiée à la veille du colloque «Nouveau monde, nouveau capitalisme», qui s'ouvre jeudi à Paris en présence de Nicolas Sarkozy, Tony Blair et Angela Merkel.
Au terme de cette enquête, une majorité (53%) de nos concitoyens souhaite en effet une réforme «en profondeur» du système capitaliste…. Or ils sont seulement 31% dans les autres pays européens interrogés. Ces autres citoyens de l'UE souhaitent plutôt une réforme plus partielle du système (52%). Une hypothèse qui ne satisferait en revanche que 38% des Français.
Mais si une réforme est souhaitée, qu'elle soit importante ou non, les Européens sont lucides. Ou fatalistes : seuls 7% estiment que le capitalisme sera réformé en profondeur, contre 35% qui sont convaincus qu'il ne sera pas du tout réformé.
Autre question posée aux sondés : le niveau d'intervention de l'Etat dans la vie économique. Trop faible, répondent globalement une majorité d'Européens (51%). Mais là encore, la France se distingue : 59% de nos concitoyens partagent cet avis, contre seulement 38% des Espagnols et 24% des Suédois.
La réponse des Européens est la même concernant les questions de protection sociale. Pour 53% d'entre eux, l'intervention des Etats dans ce domaine est trop faible. A noter : lorsqu'on interroge les chefs d'entreprise français, ils se distinguent fortement de leurs compatriotes et estiment que l'Etat intervient trop ou juste comme il faut (36% dans les deux cas).
Les Français défiants à l'égard de leurs gouvernants
Signe des temps ? Les citoyens des cinq pays interrogés estiment que les valeurs qui ont pris le plus de place au cours des dernières années sont la consommation (70%), l'individualisme (62%) et la recherche de la performance (56%). Pourtant, ils souhaiteraient voir des valeurs bien différentes émerger à l'avenir : le respect d'autrui (91%), le sens de la famille (88%) et la responsabilité individuelle (81%).
Pour résoudre la crise et «améliorer les choses», les sondés se tournent en premier lieu vers les gouvernants (39%), les scientifiques (37%) et les enseignants (35%). Un classement bien différent de celui des Français. Ceux-ci sont 39% (et 61% des chefs d'entreprise) à croire que l'amélioration arrivera toute seule. Ils plébiscitent ensuite les scientifiques (39%), puis les associations de citoyens (36%). Quant aux gouvernants, ils ne recueillent que 30% d'opinions favorables.